EFFIGIES

Exposition de Catherine Thiry

Salle de Garde du Mémorial Waterloo 1815

du 10 décembre 2022 au 31 mars 2023

Ici, la tête émergée de son Cador qui défie le temps et le Lion. Là, Morphosis, devient le gardien de la paix des âmes disparues sur ces terres brûlées par un déluge de feu, piétinées par la rage des gardes à cheval et des dragons jusqu’au pied du Mont-Saint-Jean… L’artiste, sa destinée, rencontre les disparus captifs de l’Histoire et honore les êtres vivants, comme un instantané, visages de la guerre des hommes et des empereurs.

Dans les entrailles de cet émouvant Mémorial, se présente d’abord Panacée, étonnante présence de cette jeune femme dans ces lieux de mémoire. Le volume de la sculpture de bronze naît d’un ensemble de traits qui jouent avec l’ombre et la lumière. Sa surface est vivante, vibrante, palpitante.

Un saisissement nous transcende…

Catherine Thiry prend à bras-le-corps les formes qui germent en elle depuis l’enfance. Dans son atelier, là, juste au bout de la Marache, le chemin des Cosaques, elle vit, crée et sculpte sa terre. Elle capte la puissance de l’intention, le mouvement suspendu d’un homme que le doute blesse. Au travers de la forme, l’énergie triomphe. Elle modèle la terre à grandes touches, comme elle applique la peinture sur ses toiles.

L’allée de la Garde s’offre à nous, profonde, infinie, sous un puit de lumière du jour, ou sont postées ses effigies immobiles, après leurs longues besognes. Les visages humains se montrent, nous interrogent ou s’abîment dans des teintes d’ors et d’argiles folles et profondes.

Catherine Thiry n’écoute que ses sensations. Dans le silence des mots, elle danse avec la terre. Elle magnifie l’intensité du présent, et partage ce qui nous relie, nous unit, ce qu’il y a entre les lignes, sous la surface. L’œuvre sensuelle et spontanée qu’elle dresse hors de terre accroche la lumière et, parfois, vous prend à la gorge comme un chagrin. Il y a de l’allégresse dans son art et une force pénétrante mêlée de flammes, sans peur, en toute liberté.

Avec ses mains blessées et chaudes de travailleur de force, elle taraude la terre, torture la glaise, la déforme, la plaque, la caresse, en fait une carapace selon sa technique particulière, faite de reprises, d’épaisseurs et d’irrégularités.  Les formes nouées du cou, du dos, du ventre et des visages dont les regards sont détaillés ou gommés délibérément.

Effigy, Aequanimus, Sagace et Epicène, tombés en de pareilles mains, pour tout le reste si estimables, nous renvoient en miroir à nos propres failles, à l’interprétation de nos blessures dans une familiarité déconcertante. Ces sculptures empruntes d’émotions sourdent nous disent notre humanité profonde.

Chaque œuvre de Catherine Thiry est une bribe d’infini. Ses créations coulées en bronzes originaux et en composite de fer subliment l’instantanéité et magnifient ses œuvres monumentales qui maintenant sont comme animées. L’effigie est en vie.

Libre, mobile, émouvante, Catherine Thiry nous offre son travail singulier, exposé et acquis par des collectionneurs d’art du monde entier.

C’est une formidable et merveilleuse idée d’exposer ses œuvres dans ces lieux chargés d’histoire.

A voir et revoir sans attendre !

Revue de presse